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18 nov. 2014

Critique théâtrale 3

Virginia Woolf revisitée sur scène   

 17 novembre 2014, Magalie Raymond     


           Ayant passé par Une vie pour deux, L’imposture, Les pieds des anges et Bashir Lazhar, Évelyne de la Chenelière nous présente cette fois-ci Lumières, lumières, lumières, inspiré du roman Vers le Phare de Virginia Woolf. Tout comme ses autres textes scéniques, l’émoi et la condition humaine se retrouvent dans la recette au travers de deux personnages féminins qui expriment leurs pensées et états d’âme sans censure.


         Lily Briscoe et Madame Ramsay sont deux femmes aux ambitions très différentes, mais qui ont un point en commun apportant une longue discussion entre elles. Les deux s’interrogent sur le temps. Pas seulement celui qui passe, mais aussi les temps de verbes, sur comment bien les utiliser pour parler de leurs êtres chers. Elles refont vivre par leurs paroles, les souvenirs qui vivent encore en leur être. Le texte étant plutôt complexe dans ses intentions peut paraître plutôt difficile à cerner, mais lorsque déchiffré, laisse le spectateur touché. 
Crédit photo: Caroline Laberge
     Les actrices d’ailleurs, Anne-Marie Cadieux et Évelyne Rompré, ont grandement contribué au rendement de la pièce. La prestation d’Anne-Marie Cadieux était sublime. Le personnage est incarné avec brio, la personnalité faussement joyeuse de Madame Ramsay étant bien jouée. Les mouvements souples et délicats de l’actrice lui donnaient l’impression de planer sur scène. Évelyne Rompré de son côté, a tout aussi bien joué son rôle qui est plutôt contrastant avec l’autre femme. Lily Briscoe est un personnage plus sérieux, voire moins romantique. Évelyne Rompré a bien su montrer ce côté du personnage féminin et les sentiments de celle-ci étaient très palpables sur scène. Le petit accrochage subtil de son monologue au début de la pièce s’est bien vite fait oublié.

            Étant une petite salle de présentation, leur voix se faisait bien entendre de tous. Le décor plutôt simple se trouve non seulement suffisant, mais très intéressant en plus. Le duo de miroirs et de projection de la mer donnait un effet très hypnotisant qui mettant l’emphase sur les actrices plutôt que par simple but d’épater la salle. Lors de la pièce, Anne-Marie Cadieux et Évelyne Rompré se déplacent en face de cette projection, mais aussi en arrière de celle-ci. L’effet des ombres des silhouettes donne un effet visuel calme et plaisant à l’œil. Le spectateur a même l’impression à un certain moment qu’Anne-Marie Cadieux est debout au beau milieu de la mer.

    Le choix des costumes aidait aussi à mettre en valeur ces silhouettes, avec la simple utilisation de robes blanches légères. Il ne semblait pas avoir de musique — et si c’était le cas, elle se fondait extrêmement bien à la pièce pour ne pas être remarquée — ou même d’effets sonores, et pourtant il n’y eut pas de vide. Vraiment, les deux personnages emplissaient la salle à elles seules, tous les regards braqués sur leur personne.

   Il est important de mentionner les miroirs qui reflétaient Évelyne Rompré et Anne-Marie Cadieux sur plusieurs angles, apportant dans l’effet visuel une certaine intimité voir de la vulnérabilité à leur jeu. Il peut donc être conclu que le fond et la forme dans cette pièce-ci étaient en parfaite harmonie.


Lumières, lumières, lumières
Texte : Évelyne de la Chenelière
Mise en scène : Denis Marleau
Du 11 novembre au 6 décembre, Théâtre ESPACE GO






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