La vie d’artiste au commencement
2 décembre, Laurence Lacoste et
Marie-Ève Ledoux, avec la collaboration de Magalie Raymond et Joanie Duquette
Suite
à une récente entrevue avec Vincent Duhaime-Perreault, le monde de la musique
paraît moins enchanteur que les médias le démontrent habituellement. Selon
l’artiste, sans lien avec les grands diffuseurs ou avec des personnes connues,
il est très difficile de se faire remarquer. La question est : est-il
nécessaire d’avoir des contacts pour percer dans le monde de la musique?
Les altruistes du milieu
Lors du spectacle de The Seasons au théâtre Corona le 20
novembre dernier, Rémy Bélanger, le batteur de la formation, a pu éclaircir le
sujet. Il affirme qu’en arrivant dans ce domaine, ils n’avaient aucun contact
pour les guider. « On ne connaissait cent pour cent personne. On vient de
Beauport et on ne connaissait vraiment personne. » M. Bélanger dit
que le groupe a bénéficié d’une aide suite à la parution de leur premier album
autonome Velvet EP. Beaucoup
plus de gens ont pu entendre leur musique et certaines personnes du milieu, en
leur reconnaissant un talent, ont voulu embarquer dans l’expérience avec eux.
Le batteur explique que les gens du domaine sont très altruistes et portés à
aider les jeunes groupes, « que ce soit au niveau du business ou au niveau de la technique ». Plusieurs
expérimentés du monde du spectacle, tel que des techniciens ou des hommes
d’affaires, sont prêts à mettre leur grain de sel aux projets des artistes
émergents.
Ils savent également que plus les groupes sont jeunes plus ils
tendent à s’améliorer et à devenir bons plus tard. Comme Rémy Bélanger le
dit : « N’importe qui gagne à aider des jeunes bands. » Avoir une aide de la part de gens expérimentés est
bénéfique pour des débutants, puisqu’ils ne connaissent peut-être pas
exactement la réalité du monde dans lequel ils arrivent. En décidant d’aider
les artistes à se faire connaître et à se produire en spectacle, les mentors
développent l’industrie de la musique avec de nouvelles voix et de nouveaux
styles. Ces gens aident les nouveaux arrivants à décoller et un coup partis,
ils se font connaître davantage et plus de gens se « collent » à eux.
La preuve que cet encadrement a fonctionné est que The Seasons est toujours sur pied et gagne en popularité. Le groupe
québécois a maintenant des spectacles un peu partout au Québec, où ils
interprètent leur premier album studio, Pulp.
iTunes, une voie d’accès
C’est en sortant leur premier album
autonome sur iTunes qu’ils ont été
écoutés et remarqués par plusieurs. Ils ont été approchés de cette façon, après
avoir créé leur musique et leur album Velvet
EP seuls. Les réseaux sociaux et les marchés comme iTunes permettent une sorte de publicité qui donne l’opportunité
aux artistes de se faire connaître sans devoir passer par les grands médias.
Souvent vu auprès des nouveaux groupes, ce moyen de s’annoncer s’avère efficace
pour plusieurs. Pour The Seasons, il
est clair que cette méthode a bien fonctionné et que le tout est allé très
vite, car Velvet EP est sorti en
janvier 2014 et l’album studio Pulp
en avril 2014.
Une expérience moins agréable
De son expérience dans le monde du
spectacle, Claire Bienvenue, une ancienne chanteuse imitatrice, a également son
mot à dire sur le sujet. Elle a été en tournée de 2001 à 2005 avec un
producteur pour ensuite faire des spectacles corporatifs jusqu’en 2013. Malgré
son encadrement, elle a été seule durant une bonne partie de sa carrière. « Il
est très difficile d’avancer sans aide », affirmait-elle. Même si
aujourd’hui l’artiste ne pratique plus et n’a pas pu avoir une carrière
professionnelle, elle a acquis une expérience qui pourra lui être pratique.
Selon madame Bienvenue, « il est
nécessaire d’avoir des contacts pour se tailler une place. » Même si les
chanteurs produisent d’excellentes démos (CD de démonstration), il se peut que
personne n’aille vers eux. La plupart du temps, les gens du milieu vont
préférer aller vers un nom ayant déjà des contacts, ou ayant un lien avec une
personnalité connue. Claire Bienvenue mentionne que les producteurs ont parfois
peur des nouveaux arrivants. Chaque débutant est un essai à faire, car on ne
sait jamais s’il sera la vedette de l’heure ou s’il restera dans l’ombre.
Au moment d’auditions de comédie
musicale, par exemple, la distribution peut parfois être faite avant même que
le petit nouveau ne sache qu’il y en eût une. Cette mésaventure est arrivée à
Claire Bienvenue. Il est donc extrêmement difficile pour quelqu’un n’ayant
aucun contact d’entreprendre une carrière dans ce milieu. Le monde de la
musique est, d’après l’imitatrice, très fermé. « Il est parfois difficile
de faire les choses par soi-même », avouait la chanteuse. La nouveauté ne
peut pas toujours avoir sa place.
Image VS performance
Claire Bienvenue a vécu une expérience
défavorable pour un artiste du monde du spectacle. Il arrive parfois que l’on entende
parler dans les médias qu’une personne ayant un surplus de poids, ou n’étant
pas jugée « assez jolie », soit renvoyée de l’univers du show-business. Madame Bienvenue a été
remplacée par une autre imitatrice parce qu’elle était justement jugée plus
belle et apte à faire le boulot à sa place. Apparemment, l’image compte autant,
sinon plus que la performance.
Du point de vue d’un recruteur
Après le grand questionnement par
rapport à la nécessité de contacts dans le domaine culturel, une autre question
se pose; sans contact, comment les artistes font-ils pour réaliser des
spectacles? L’ancienne directrice du théâtre Gesù, Jocelyne Bilodeau sait comment les théâtres et propriétaires
de salles font pour recruter leurs artistes. Cela pourrait apporter une réponse
à la question précédemment posée. Elle dit que la façon de recruter les groupes
dépend beaucoup de l’endroit où le théâtre est situé. Si l’on se trouve dans
une grande ville comme Montréal ou Québec, il y aura des agents d’artistes et
des producteurs de spectacles qui mettront en relation leurs clients et les
directeurs de salles. Cependant, si l’on se trouve en régions, ce sont souvent
des diffuseurs de spectacle qui vont s’annoncer à des théâtres et à des salles
où ils veulent faire des représentations. Ensuite, il choisit ce qu’il veut
offrir à son public et appelle les gérants des artistes qu’il veut voir.
En région ou dans les grands centres, les imprésarios rendent toujours la tâche plus facile aux interprètes. Cependant, les groupes ou artistes peuvent communiquer avec les salles de spectacle pour en louer seuls, ou en partenariat. Ils peuvent donc se débrouiller sans gérant, mais avec un peu plus de difficultés.
Confirmation
Selon chacun des interviewés, le travail
est toujours plus difficile sans contact, mais tout de même possible. Donc,
percer dans le domaine de la musique sans avoir de contact est possible, mais
pour y arriver il faut travailler avec acharnement et patience. Déjà connaître
des gens dans le milieu artistique rend les choses bien plus faciles pour les
jeunes talents en émergence. La vie d’artiste au commencement peut être dure,
mais il faut savoir où aller, quoi faire, donner ce qu’on a de meilleur et
détruire toutes les barrières.
Il est souvent intéressant de connaître l'envers du décor des milieux artistiques et nous ne sommes pas les seules journalistes à avoir été curieuses. Pour en savoir plus sur le côté caché des éditeurs, nous vous invitons à aller jeter un coup d’œil à cet article.
Il est souvent intéressant de connaître l'envers du décor des milieux artistiques et nous ne sommes pas les seules journalistes à avoir été curieuses. Pour en savoir plus sur le côté caché des éditeurs, nous vous invitons à aller jeter un coup d’œil à cet article.