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18 nov. 2014

Critique théâtrale 4

Rue Fable, une représentation en gestes  

18 novembre 2014, Laurence Lacoste     

Crédit photo: Catherine Asselin-Bélanger
   Il était une fois l’histoire de six voisins très différents les uns des autres. Certains étaient charmeurs, sportifs, étranges, enragés, timides, et même cherchant leur chat. Ils avaient par contre tous un point en commun : la rue Fable.


   La pièce de théâtre Rue Fable, présentée du 21 octobre au 15 novembre à l’Espace Libre, mise en scène par Jean Asselin, Réal Bossé et Sylvie Moreau, n’est pas très loin de représentations habituelles de ces artistes sortant de l’ordinaire. Créateurs communs d’OMNIBUS, l’école de théâtre corporel, ils décident de créer la pièce. Leurs créations habituelles se rejoignaient trop pour qu’ils ne produisent pas une représentation ensemble. On peut dire que le travail commun de ces artistes est une réussite.

Un imprévu chanceux
   Le soir de la représentation du 25 octobre, l’acteur Pascal Contamine, ne pouvant jouer son rôle suite à une blessure, dû abandonner pour quelques jours. Cependant, Réal Bossé apprit son texte en moins d’une heure avant la représentation et le remplaça. Voilà une chance pour ses admirateurs.

Originalité 101
   Tout au long de la représentation, c’est axé sur les gestes et la musique accompagnants les acteurs. On a pu entendre le concerto de violon en F mineur de Vivaldi plusieurs fois dans la trame sonore. De plus, il serait faux de dire qu’il y a un réel sens à cette pièce. Les personnages se côtoient en sortant de leurs appartements de la rue Fable et ils sortent parfois ensemble se saouler, malgré que certains n’aient pas l’air de s’apprécier… Bref, ils sont voisins et liés par leur habitat.

   La vie quotidienne, sans surprises, est représentée dans  Rue Fable. Un boxeur cherche à séduire sa voisine, grande timide, qui cherche son chat. Le vieux désire séduire la Lola Lipop enragée. Le séducteur incite une gamine à faire de mauvais coups et cherche à l’avoir pour lui. Finalement, ils sont tous aussi fous les uns que les autres dans leur banalité.

   La pièce est également axée sur les émotions que l’on doit lire sur leurs visages en tant que spectateurs. Étant donné la salle de l’Espace Libre, il est facile d’analyser les émotions des comédiens, qui se retrouvent parfois à moins d’un mètre du spectateur de la première rangée. Avec le peu de paroles, il est clair que pour comprendre, on doit suivre les émotions et les mouvements exécutés.

Différence
   Le langage de cette pièce, pour le peu qu’il y en a, est très familier. On n’entend que des sacres, des soupirs de mécontentements, des essoufflements et une chanson de la timide au chat. L’ensemble est tout de même assez rapide pour une pièce de théâtre contenant aussi peu de répliques. On ne pense même pas à regarder l’heure tant l’attention est prise par la très bonne pièce. D’ailleurs, elle est sans entracte.

   Les comédiens se déplacent dès le tout début d’un côté de la scène à l’autre, en passant dans les coulisses. La traversée de la scène se fait dans une démarche rapide et anormale. Ils marchent tous en faisant des pirouettes, en claquant du pied ou encore en courant. On ne comprend pas vraiment pourquoi, jusqu’à ce qu’ils arrivent les uns après les autres à leur appartement, qui se constitue d’une parcelle de plancher différent pour chaque demeure. Le décor n’est fait que de ces parcelles et du mur en béton derrière, qui est probablement celui originel de la salle. Il est clair que la pièce ne repose pas sur le visuel non vivant.

Synchronisation, perfection
   Jean Asselin, Audrey Bergeron, Réal Bossé, Sylvie Moreau, Bryan Morneau et Émilie Sigouin jouent leurs rôles comme s’ils étaient des machines. Le concept de la rue est représenté parfaitement dans cette salle.
Un jeu et une représentation sortant de l’ordinaire, envers quoi l’on doit être ouvert d’esprit, voilà ce qu’est Rue Fable.

Rue Fable 
Omnibus, le corps du théâtre
Texte de mise en scène : Jean Asselin, Réal Bossé et Sylvie Moreau
Du 21 octobre au 15 novembre, Espace Libre

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