L’ailleurs bouleversant de Strauss
14 octobre 2014, Karolane Messier
Heidi Strauss renouvèle son œuvre
en grand avec Elsewhere qui fut
représenté du 1er au 4 octobre 2014 au théâtre Prospero. Sous la tutelle de la compagnie Danse-Cité, la
chorégraphe présente une création de danse contemporaine sur le thème de nos
actions quotidiennes et de leurs effets sur la vie des gens qui nous entourent.
Une volonté sociale?
Danielle Baskerville et Luke Garwood. Crédit photo: Kathleen Smith, The Dance Current, 2011 |
On retrouve aussi dans les
antécédents de Strauss une certaine volonté de critique sociale. En effet, en
2013 elle présente avec Adelheid, sa
compagnie fondée en 2007, un spectacle intitulé Still here, qui aborde les thèmes de l’apparence, de
l’éventualité et des possibilités.
Cause à affects
Strauss,
d’origine torontoise a présenté un nouveau spectacle au début de l’automne.
Celui-ci a pour thème les affects, un
phénomène qui la passionne énormément. Elle veut démontrer avant tout la
capacité de l’humain à être transformé et à transformer. Strauss insiste
également dans sa démarche à ce que les danseurs s’intéressent à leur capacité
de résistance et d’adaptation en tant qu’être humain.
L’idée
de la chorégraphie lui est venue tout simplement : « En observant les
gens autour de moi, je me suis rendu compte qu’on s’affectait tous les uns les
autres. Je me suis demandé comment faire pour transmettre cette idée en
mouvement… » Elle voyait les affects
dans tous les mouvements quotidiens que ce soit promener son chien, jouer au
basket-ball ou tourner la page d’un livre. Pour la chorégraphe, les affects sont toujours présents.
Pour
Heidi Strauss, nous sommes affectés par nos expériences du passé — sensations,
rencontres, succès et échecs —, mais aussi par les actions des autres. Elle
insiste également dans sa démarche à ce que les danseurs s’intéressent à leur
capacité de résistance et d’adaptation en tant qu’être humain devant des
obstacles. Dans cette création, les danseurs s’oublient complètement. Ils
laissent de côté leurs gestes quotidiens et réflexes habituels afin de
redécouvrir de nouvelles façons de bouger en créant des liens — une sorte de
réaction en chaîne entre eux grâces à des touchers ou effleurements. Il arrive
parfois durant les représentations que les respirations et les bruits de pas
des danseurs soient utilisés comme trame sonore. Ce concept ramène à la pensée
des danseurs qui se doivent de performer en dépassant les limites.
Le tout début
La création de l’œuvre dure 3 ans.
C’est un long processus qui nécessite beaucoup d’observation. Ce n’est pas la
complexité des mouvements, mais bien celle des enchaînements qui demande plus
de temps et de concentration de la part des danseurs. Ils expliquent que le
tout est long, car ils doivent se canaliser sur la coordination de leurs
mouvements et ceux des autres. La représentation du spectacle les rend ainsi
tous très fiers, car « c’est l’accomplissement de 3 ans de [leur] vie. »
Consciente que son « spectacle
à thème, sans histoire, est un gros risque », Strauss nous présente une
expérience à couper le souffle. Cette dernière démontre son talent à exprimer
un souci social par les gestes et le corps, et parfois même par les mots des
danseurs qui tentent d’expliquer ce qui leur arrive au public. Un spectacle qui
nous projette dans un tout autre monde et bien difficile à oublier.
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